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Rendre les cellules de cancer du sein plus visibles pour le système immunitaire

Publié le 15 décembre 2025

L’équipe de Pierre Thibault, directeur de l’Unité de recherche en protéomique et spectrométrie de masse de l’IRIC, a découvert que l’abemaciclib, utilisé pour traiter les cancers du sein métastatiques à récepteurs hormonaux positifs, reprogramme le profil antigénique des tumeurs – une caractéristique qui pourrait être exploitée pour améliorer l’efficacité des traitements. Menée par le doctorant Robin Minati, cette étude vient de paraître dans le journal Cell Reports. Elle résulte d’une étroite collaboration avec l’équipe de Claude Perreault, directeur de l’Unité de recherche en immunobiologie de l’IRIC.

 

L’abemaciclib « ouvre » certaines régions de l’ADN

Grâce à une approche protéogénomique, les chercheurs ont observé que le traitement avec l’abemaciclib augmente la présentation et la diversité des fragments de protéines, appelées antigènes tumoraux, à la surface des cellules de cancer du sein. Cet effet est particulièrement marqué pour les cellules de cancer du sein à récepteurs hormonaux positifs (HR+).

D’où viennent ces nouveaux antigènes? Les travaux du laboratoire Thibault démontrent qu’ils dérivent de régions jusqu’ici considérées comme non-codantes de l’ADN. Sous l’effet de l’abemaciclib sur des protéines régulatrice clés, comme Rétinoblastome (Rb) et les protéines BET, ces régions deviennent accessibles à la machinerie cellulaire et peuvent alors donner naissance à de nouveaux antigènes.

 

Accroître la reconnaissance immunitaire des tumeurs

Les nouveaux antigènes produits par le traitement à l’abemaciclib entraînent une réponse immunitaire et sont peu exprimés dans les tissus sains. Ils représentent donc des cibles de choix pour le développement d’immunothérapies plus spécifiques. En combinant l’abemaciclib a des approches d’immunothérapie, il serait possible de rendre les tumeurs HR+ plus visibles pour le système immunitaire, et de renforcer la réponse immunitaire antitumorale. Cette approche pourrait par ailleurs être étendue à d’autres types de cancers, notamment ceux régulés par les protéines Rb et BET.

 

Étude citée

Minati R, Cahuzac M, Perrault J, Lullier V, Apavaloaei A, Bonneil E, Courcelles M, Lanoix J, Kina E, Perreault C, Thibault P. CDK4/6 inhibition reprograms the breast cancer immunopeptidome via Rb-dependent chromatin and transcriptomic remodeling. Cell Rep. 2025 Dec 12;44(12):116676. doi: 10.1016/j.celrep.2025.116676.