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L’utilisation du marqueur CAXII pourrait améliorer la classification des tumeurs mammaires

Publié le 7 décembre 2022

Le cancer du sein est une maladie hétérogène, qui ne peut être ciblée efficacement par un traitement commun et unique. Dans deux tiers des cas, le récepteur des œstrogènes de type alpha (ERα), un récepteur activé par les hormones sexuelles, est exprimé et peut être ciblé thérapeutiquement par une hormonothérapie. Toutefois, les niveaux d’ERα peuvent varier d’une tumeur à l’autre et à l’intérieur même des tumeurs, compliquant sa détection et le choix subséquent de la thérapie. Le récepteur de la progestérone (PR) est couramment utilisé en clinique comme co-marqueur de sélection de tumeurs se qualifiant pour une hormonothérapie. En effet, ce marqueur régulé par les œstrogènes est censé refléter l’activité d’ERa. Dans une nouvelle étude parue dans le journal Cancers, Sylvie Mader, directrice de l’Unité de recherche en ciblage moléculaire dans le traitement du cancer du sein de l’IRIC, et son étudiant au doctorat Lucas Porras montrent que la détection de PR reflète imparfaitement l’activité d’ERα et identifient un nouveau co-marqueur plus fiable.

 

Le statut clinique de PR ne reflète pas de façon précise les niveaux ou l’activité d’ERα

Une analyse de l’ensemble des ARN présents (transcriptome) dans des tumeurs mammaires a révélé qu’outre une variabilité au niveau de la détection de PR lorsque ses niveaux d’expression sont faibles, PR peut être absent dans des tumeurs exprimant ERα et vice-versa.

 

CAXII : un co-marqueur plus fiable

L’équipe a par la suite effectué, à partir des mêmes données de cancer du sein, une analyse de corrélation d’expression. Parmi le groupe de gènes dont l’expression corrèle le plus fortement avec celle du gène d’ERα, les scientifiques ont identifié celui de CAXII, qui, comme PR, est une cible de la signalisation œstrogénique dans les tumeurs mammaires. Cette forte corrélation a été confirmée suite à l’analyse de deux autres bases de données d’échantillons de cancer du sein. L’équipe explique que ce haut degré de corrélation au niveau des ARN provient de la régulation de CAXII par une action coopérative de ERα et GATA3, lui-même un régulateur d’ERα. La détection de CAXII dans des collections de tumeurs mammaires grâce à un anticorps spécifique a permis de valider une performance supérieure à détecter le statut d’ERα comparativement à PR, dont l’utilité clinique serait plutôt associée à sa valeur pronostique.

Pour conclure, les travaux proposent l’utilisation de CAXII comme co-marqueur pour confirmer le statut de ERα. Sa localisation à la surface cellulaire, alors qu’ERα est retrouvé dans le noyau des cellules, permet une détection aisée en co-marquage. C’est aussi un atout pour trier les cellules tumorales selon leur niveau d’expression de ERα dans les tumeurs mammaires hétérogènes, ce qui facilitera l’étude des causes de cette hétérogénéité et de leurs conséquences sur la réponse aux hormonothérapies.

 

Étude citée :

Porras Lucas, Gorse Faustine, Thiombane Ndeye Khady, Gaboury Louis, Mader Sylvie. CAXII Is a Surrogate Marker for Luminal Breast Tumors Regulated by ER and GATA3Cancers. 2022; 14(21):5453.