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Pavillons Jean-Coutu et Marcelle-Coutu : il y a 20 ans un rêve se réalisait
Publié le 21 mai 2025
Le 26 avril 2005 avait lieu l’inauguration des deux pavillons pour y loger respectivement la Faculté de pharmacie et l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal.
L’histoire débute par un rêve évoqué à voix haute, une phrase lancée en fin de conversation, une perche tendue qui aurait bien pu ne pas trouver preneur. Nous sommes en 2001 et dans le cadre de la Grande campagne, Claude Mailhot, vice-doyenne, et Robert Goyer, ancien doyen depuis peu de la Faculté de pharmacie et désormais responsable de cabinet de cette campagne, rendent visite à Jean Coutu pour solliciter son aide pour la création d’une chaire de recherche consacrée à la gériatrie. M. Coutu est à l’écoute, mais la rencontre se termine sans décision.
Alors qu’il s’apprête à quitter le bureau, M. Goyer sort une ultime carte de sa poche. Il explique qu’il a un rêve qu’il qualifie « d’irréaliste et irréalisable ». Il veut que la Faculté de pharmacie ait une « maison », son propre espace. Il faut savoir qu’à l’époque, la faculté est en cohabitation alors qu’elle est logée au pavillon Roger-Gaudry et que ses locaux sont situés sur plusieurs étages. Elle est coincée et éparpillée.
Le doyen de l’époque, Jacques Turgeon, rappelle que la faculté se préparait à offrir un doctorat de premier cycle (Pharm.D.), une première au Canada, et à créer un programme de baccalauréat en sciences pharmaceutiques (BSBP), des programmes axés sur le développement de compétences appuyés par des approches pédagogiques innovantes. Sans oublier l’ambition de devenir un lieu de recherche de pointe. Ces projets réclamaient de l’espace. Beaucoup d’espace.
Coutu promet d’y réfléchir. « Je vous reviens » fut sa conclusion. Quelques semaines plus tard, dans le cadre d’une conférence auprès des étudiantes et étudiants, il surprend tout le monde, notamment une certaine Claude Mailhot présente à l’événement, en affirmant qu’il s’engage à offrir un don de 12,5 millions de dollars qui couvrira ce qui est alors le tiers du budget prévu.
C’est à l’époque le plus gros don jamais reçu par l’Université de Montréal. Un peu surpris par l’accélération des démarches, le recteur Robert Lacroix décide de prendre un rôle de leadership après y avoir vu une opportunité. C’est qu’un autre projet de pavillon est dans les cartons. Le nouvel Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal se cherche lui aussi une maison. Aspirant à devenir un centre de stature internationale en recherche biomédicale, l’IRIC a également besoin qu’on lui donne les moyens de ses ambitions.
Toutes et tous se mettent alors en accord : pourquoi ne pas faire de ces deux projets une même réalité, et ce, en simultané?
L’idée fait son chemin. Mais comment baptiserait-on ce deuxième pavillon? Utiliser le nom de Marcelle Coutu, la conjointe de M. Coutu, pour cet édifice permettrait de reconnaître deux fois plutôt qu’une la contribution de la famille Coutu à la hauteur de sa générosité. Et c’est ainsi que le projet devint double.
L’implication du recteur facilite également les démarches auprès du gouvernement québécois qui octroie à l’époque 65,8 millions de dollars. Le rêve de Robert Goyer, assorti d’un investissement privé, devint réalité avec l’aide d’un investissement public.
« Pour l’IRIC, cet élan de générosité et de contributions exemplaires fut réellement un cadeau tombé du ciel. À l’époque, monsieur Pierre Chartrand, directeur général de l’IRIC, rêvait que l’Institut puisse avoir un impact tangible sur la maladie. 20 ans plus tard, c’est maintenant le cas, notamment grâce aux outils, aux infrastructures, aux technologies mis à la disposition des scientifiques; ainsi qu’aux expertises remarquables des équipes de recherche qui travaillent d’arrache-pied au quotidien au sein de ce pavillon tant convoité ». – Marc Therrien, chercheur principal, membre fondateur de l’IRIC, et actuellement directeur général de l’Institut.
La création d’un espace de vie commune
Rapidement, l’idée s’est imposé d’offrir un espace entre ces deux pavillons, un lieu de rencontre et d’échanges, un lieu convivial permettant également le travail en équipe. L’appellation d’« agora » était importante aux yeux de Claude Mailhot en référence aux places publiques de Grèce antique et pour démontrer qu’il s’agissait bien du « cœur » de la nouvelle construction.
Une aide précieuse était cependant nécessaire. Le financement était réglé pour ce qui était lié directement à l’enseignement, mais il en manquait pour financer l’agora en raison de l’ampleur du projet.
Jacques Turgeon et Claude Mailhot eurent alors l’idée d’approcher un diplômé qui avait connu un énorme succès lors de sa carrière dans le milieu pharmaceutique : Morris Goodman, co-fondateur de Pharmascience. Alors qu’il réfléchissait à l’offre, c’est sa femme, Rosalind Goodman, qu’il surnomme affectueusement « Roz », qui le convainquit de se lancer. L’agora Morris-et-Rosalind Goodman était née.
« Dès que nous prîmes la décision d’acquiescer à la proposition concernant l’agora, Roz et moi fûmes persuadés d’avoir fait ce qu’il fallait. […] Cette agora s’est révélée une immense réussite pour toutes sortes de fonctions universitaires. En fait, c’est le lieu de rencontre le plus populaire du campus. » – Morris Goodman
Des joueurs importants sur la scène canadienne et à l’international
De la signature de ces ententes à l’inauguration officielle, d’innombrables heures furent passées à rêver, préciser et peaufiner le projet, pour chacun des pavillons. Une logistique et une organisation minutieuse furent nécessaires pour arriver aux résultats envieux que l’on connait aujourd’hui.
Le responsable informatique André Martel s’est joint à la faculté de pharmacie en juin 2004 et a connu toute cette période effervescente de préparation au grand changement. Pour lui, le déménagement permettait finalement de rassembler toutes les équipes dans un espace commun, en plus de lui offrir un terrain de jeu beaucoup plus moderne pour son expertise. Le moment venu, il se souvient d’avoir passé une fin de semaine complète à s’assurer que tout le matériel se rendrait à bon port.
« Le pavillon Jean-Coutu a mis une certaine pression sur les autres facultés de pharmacie au Canada. Elles ont vu ce qu’il nous avait permis d’accomplir en termes d’enseignement et de recherche. Soudainement, tout le monde, que ce soit à Toronto à Québec ou ailleurs, voulait un nouveau pavillon! » se remémore Jacques Turgeon.
« Le pavillon Marcelle-Coutu a donné à l’IRIC un accès unique à une suite d’infrastructures de recherche, qui n’avait pas son équivalent au Canada. En misant sur l’interdisciplinarité et le partage de connaissances entre laboratoires, en combinant sous un même toit des activités de recherche fondamentale, un programme de formation universitaire et une équipe de valorisation de la recherche, l’IRIC se distingue aujourd’hui parmi les centres de recherche les plus avant-gardistes du monde. » – Guy Sauvageau, chercheur principal et membre fondateur de l’IRIC.
Une progression qui se poursuit de part et d’autre
Pavillon Jean-Coutu
En juin 2002, Claude Mailhot présentait le futur pavillon comme « un phare sur un rocher qui nous guidera vers de nouvelles destinées ». Et ce phare continue d’évoluer pour s’adapter aux nouveaux besoins, notamment ceux liés à l’accueil de la plus grande cohorte au Pharm.D. en août 2024, soit 240. Au total, le pavillon Jean-Coutu accueille chaque année 1600 étudiantes et étudiants qui étudient dans 14 programmes. Les espaces pédagogiques incluent deux amphithéâtres, des salles de cours, 20 salles de travail en équipe, un laboratoire de pratique professionnelle ainsi que plusieurs salles de réunion, le tout appuyé par une technologie de pointe.
La recherche y est également plus vivante que jamais avec 12 chaires de recherche et un financement reçu par nos 58 professeurs et professeurs qui dépasse les 7 millions de dollars annuellement.
Présentement, un important projet de modernisation de ses laboratoires de pratique est en voie d’être complété. On compte parmi les nombreuses innovations l’inauguration d’une Salle de découverte du milieu hospitalier pour permettre l’apprentissage par le jeu associé à des activités de simulation, l’inclusion d’activités de réalité virtuelle avec l’application MyDispense, des activités de télésimulation interprofessionnelles et la création d’un centre de simulation immersive pour la pharmacie d’officine.
Pavillon Marcelle-Coutu
En 2005, l’IRIC accueillait ses premières équipes de recherche au pavillon Marcelle-Coutu. On assistait alors à la mise en activités des premières plateformes technologiques de l’Institut. Puis, en 2008, l’IRIC créait sous son toit l’Unité de découverte de médicaments, la première chaîne canadienne de découverte de médicaments anticancer en milieu universitaire, dirigée par Anne Marinier, chercheuse principale à l’IRIC. Parallèlement, la filiale IRICoR voyait le jour avec un mandat clair : valoriser les résultats de recherche fondamentale pour les transformer en nouvelles thérapies. Enfin, en 2023, l’IRIC a pu célébrer ses 20 ans d’existence et d’avancées remarquables en cancérologie.
À ce jour, les accomplissements de l’IRIC ne passent pas inaperçus et ceux-ci n’auraient sans doute pu voir le jour sans la construction de cette maison, une demeure qui a su inspirer les scientifiques et qui continue de leur donner un élan pour faire une différence dans la lutte contre le cancer.
L’IRIC en chiffres
- 26 chercheuses et chercheurs principaux;
- 5 axes de recherche;
- 10 plateformes technologiques et une Unité de découverte de médicaments;
- Plus de 1000 publications scientifiques;
- Plus de 130 étudiantes et étudiants en formation annuellement;
- 5 compagnies créées à partir de technologies ou molécules développées par des scientifiques de l’IRIC;
- 4 composés ayant atteint des phases cliniques et un composé en pré-clinique grâce aux recherches initiées à l’IRIC;
- 47 familles de brevets actives;
- Plus de 375 passionnés qui œuvrent tous les jours à la réalisation de la mission de l’Institut.
Une collaboration qui porte ses fruits
Avec des mandats bien distincts et à la fois complémentaires, la Faculté de pharmacie et l’IRIC ont collaboré sur plusieurs fronts au cours des dernières années. Cette collaboration a mené à l’arrivée d’une première professeure de la Faculté de pharmacie à l’IRIC en 2020, Geneviève Deblois. Tout récemment, les deux entités ont d’ailleurs annoncé une entente renouvelée dans une volonté de renforcer les synergies en recherche et de valoriser les expertises complémentaires. Cette entente se traduit entre autres par le partage d’espaces au sein des deux pavillons et le partage d’expertises des scientifiques afin de propulser la recherche à niveau supérieur. Cet été, ce seront deux nouveaux professeurs de la Faculté qui joindront l’IRIC, avec un quatrième qui se joindra l’année suivante.
L’avenir s’annonce donc prometteur dans les Pavillons Marcelle et Jean Coutu.
« La réalisation du rêve de Monsieur Goyer était la première étape pour nous permettre de rêver encore plus grand. Grâce à la générosité de nos donatrices et donateurs tout devient possible » – Simon de Denus, doyen de la Faculté de pharmacie
*Article rédigé par la Faculté de pharmacie et l’IRIC