Inscription à l’infolettre

Nouvelles

La course à pied : un miroir de la vie. Témoignage de Sasmita Tripathy, directrice adjointe à l’Unité de découverte de médicaments de l’IRIC

Publié le 22 juillet 2025

Sasmita Tripathy pratique la course à pied depuis plusieurs années; un sport qu’elle affectionne pour son bien-être, à la fois physique et psychologique. À travers son témoignage, elle nous présente comment toutes les sphères de sa vie sont interreliées; une réflexion touchante qui met de l’avant sa détermination, sa bonté et sa volonté de changer les choses, au laboratoire comme dans sa vie personnelle. L’IRIC est fier de vous présenter cette personnalité inspirante.

Pouvez-vous vous présenter brièvement?

Je m’appelle Sasmita Tripathy. J’ai 55 ans. Je suis née et j’ai grandi à Bhubaneswar, en Inde, et je vis à Montréal depuis 2000. Pendant plus de 25 ans, j’ai consacré ma vie à la découverte et au développement de nouveaux médicaments, travaillant comme chimiste médicinale pour lutter contre le cancer et d’autres maladies dévastatrices. Aujourd’hui, j’ai le privilège d’occuper le poste de directrice adjointe de l’Unité de découverte de médicaments de l’IRIC. J’y dirige une équipe passionnée et talentueuse, unie par un objectif commun : traduire la science de pointe en un véritable espoir pour les patient(e)s. Chaque jour, nous nous efforçons de concevoir des composés non seulement avec précision, mais aussi avec détermination, car derrière chaque molécule se cache la possibilité pour les patient(e)s de gagner du temps, de voir leur vie transformée, et même de guérir.

À quel moment de votre vie avez-vous commencé à courir, et pour quelles raisons?

J’ai commencé à courir quand j’étais petite, simplement parce que j’aimais bouger. En courant, je me sentais vivante, forte et profondément connectée au monde qui m’entourait. J’ai souvent couru dans le cadre de compétitions scolaires et avec des ami(e)s, mais même à ce moment-là, c’était pour moi plus qu’un simple sport. C’était une source de joie, de libération et d’expression. En vieillissant, lorsque la vie est devenue plus exigeante avec le travail, la famille et les responsabilités, la course à pied s’est transformée en quelque chose de plus profond. Elle est devenue mon sanctuaire : un espace où je pouvais respirer, lâcher prise et me reconnecter avec moi-même. À ce jour, je cours souvent tôt le matin, profitant de ce moment de calme pour me réinitialiser et commencer la journée avec une concentration et une énergie renouvelées. Pour moi, la course à pied est une forme de méditation en mouvement. C’est une passion qui continue d’apporter équilibre, clarté et résilience dans ma vie.

Quel est votre plus grand accomplissement à ce jour en termes de distance parcourue et/ou d’épreuve de course à pied sélectionnée?

Bien que je n’aie jamais couru plus de 25 kilomètres, atteindre cette étape fut pour moi un accomplissement personnel. À mes yeux, la course à pied a toujours été plus qu’une question de distance; c’est une question de passion et de présence. L’un des moments les plus significatifs de mon parcours a été le demi-marathon Beneva 2024 à Montréal. Ce n’était pas seulement ma première course d’envergure, c’était aussi une expérience profondément personnelle. J’ai couru non seulement pour soutenir la recherche sur le cancer à l’IRIC, où je consacre ma vie, mais aussi en l’honneur d’une de mes proches qui luttait à ce moment contre le cancer. Elle est devenue le symbole de ma course, synonyme de force et de solidarité. Ce jour-là, mon amour pour la course à pied et ma mission de lutte contre le cancer se sont rejoints pour me rappeler que le progrès, sous quelque forme que ce soit, vaut toujours la détermination. Cela m’a rappelé que chaque pas en avant, que ce soit dans la science ou sur la route, peut faire partie de quelque chose de bien plus grand que nous. Ce jour-là, je n’ai pas seulement couru, j’ai couru pour les patient(e)s pour le progrès et, surtout, pour l’espoir.

Lors de votre participation au Marathon Beneva de Montréal, vous avez récolté un montant important pour l’équipe de l’IRIC au profit de la recherche. Quelle était votre principale motivation pour vous impliquer de manière significative dans cette cause?

À l’IRIC, j’ai la chance de travailler avec une équipe de scientifiques dévoués qui donnent le meilleur d’eux-mêmes chaque jour pour lutter contre le cancer. Pour le demi-marathon Beneva 2024, je voulais faire ma part au-delà du laboratoire. Courir était ma façon de soutenir mes collègues et le travail important que nous faisons ensemble. Il ne s’agissait pas seulement de collecter de l’argent, mais de participer à quelque chose de plus grand. Chaque pas me rappelait que nous sommes toutes et tous dans le même bateau, que nous travaillons pour le même espoir : de meilleurs traitements et un avenir plus radieux pour les gens touché(e)s par le cancer. C’est ce qui a rendu cette expérience vraiment spéciale pour moi.

Avez-vous également des motivations personnelles et/ou des histoires personnelles liées au cancer qui vous poussent à exceller dans la recherche?

Oui, comme beaucoup, j’ai vu des ami(e)s et des proches touchés par le cancer. Ma grand-mère est décédée d’un cancer du sein alors que je n’avais que trois ans et demi, et je me souviens encore très bien de la douleur de ma mère lorsqu’elle a perdu sa propre mère. Avec ces histoires en tête, le travail que je fais me semble urgent et profondément significatif. Ce n’est pas seulement de la science, c’est de l’espoir.

Quel est votre souhait pour l’avenir de la recherche sur le cancer?

Je souhaite que la recherche sur le cancer devienne plus personnalisée et plus accessible, afin que le bon traitement parvienne à la bonne personne au bon moment. J’espère que les découvertes des laboratoires seront plus rapidement mises à la disposition des patient(e)s qui en ont le plus besoin.

Pourquoi est-il important de donner pour la recherche sur le cancer?

Chaque don est plus qu’un cadeau – c’est un investissement dans la vie, dans l’espoir et dans l’avenir. En faisant le geste de donner, on alimente ainsi la recherche, laquelle pourrait déboucher sur la prochaine percée et l’on soutient du même coup les scientifiques qui travaillent sans relâche, souvent dans l’ombre, avec une détermination tranquille. Le cancer touche presque toutes les familles. Il ne fait aucune discrimination et son impact est réel. C’est pourquoi le financement de la recherche est l’un des moyens les plus puissants de lutter contre le cancer.

Qu’aimeriez-vous dire à quelqu’un qui veut débuter la course à pied, mais ne sait pas par où commencer?

Commencez modestement et soyez indulgent(e)s avec vous-même. Vous n’avez pas besoin d’être rapide, ni d’aller loin, mais simplement de commencer, exactement dans l’état d’esprit où vous êtes. Même une simple routine de marche et course en alternance peut être incroyablement bénéfique. La clé, c’est la constance : il faut apprendre à écouter son corps avec patience et attention. Certains jours, vous vous sentirez léger et l’entraînement vous semblera facile. D’autres sorties seront plus difficiles, et c’est normal. Avec le temps, vous trouverez votre rythme, et avec lui, une force tranquille et une paix que seule la course à pied peut offrir. Il y a quelque chose de magnifique qui se produit lorsque votre respiration est en phase avec votre mouvement, lorsque le monde autour de vous s’adoucit et qu’il n’y a plus que vous et la route.

Avez-vous une citation ou un proverbe qui vous inspire?

« Les attentes conduisent toujours à la déception »

C’est une citation que mon père m’a transmise lorsque j’étais jeune et qui, avec le temps, est devenue une vérité tranquille qui a façonné ma façon de vivre. Au début, je ne la comprenais pas entièrement, mais à travers les nombreux hauts et bas de la vie, j’ai fini par en saisir la sagesse. Cette simple phrase m’a appris à laisser tomber les attentes rigides et à être pleinement présente au quotidien. Que je sois en train de courir, de faire des recherches ou de passer du temps avec les gens que j’aime, j’essaie d’être là, tout simplement, sans m’attacher à la façon dont les choses devraient se dérouler. La vie est fragile et éphémère. Nous ne pouvons pas contrôler l’avenir ni changer le passé. Ce que nous avons vraiment, c’est ce moment, ce pas, ce souffle, ce battement de cœur. Cet état d’esprit m’a apporté la paix, même dans les moments difficiles. Il me rappelle de travailler avec sincérité, d’aimer sans condition et de faire preuve de gentillesse sans rien attendre en retour. Parce qu’en laissant tomber nos attentes, nous faisons place à une véritable connexion, à une raison d’être et à une joie durable qui ne vient pas de ce que nous possédons, mais de la manière dont nous choisissons de vivre pleinement au quotidien.

Quelle personnalité vous inspire, et pourquoi?

Mahatma Gandhi a toujours été une source d’inspiration discrète, mais puissante dans ma vie. Sa force n’était pas exubérante; elle provenait de l’humilité, de la discipline et d’un engagement inébranlable en faveur de la vérité et de la compassion. Ses mots : « Soyez le changement que vous souhaitez voir dans le monde » m’ont guidée dans mon parcours personnel et dans mon travail de scientifique. Gandhi a enseigné que le véritable changement commence à l’intérieur de soi. Cette conviction a façonné ma façon de diriger, de collaborer et de me présenter chaque jour au laboratoire, à la maison et dans ma communauté. Sa philosophie me rappelle que même les plus petits actes, accomplis avec amour et détermination, peuvent avoir des répercussions qui vont bien au-delà de ce que nous voyons. Dans le domaine de la recherche, les progrès sont souvent lents, parsemés de revers et d’incertitudes. Mais la patience et la persévérance de Gandhi m’inspirent à continuer et à croire que chaque étape, chaque expérience, chaque molécule est importante. Et comme lui, je crois qu’il faut voir au-delà de soi.